Pour traiter chirurgicalement une épaule instable, ce sont principalement les techniques de Latarjet ou de Bankart qui sont utilisées. Ces deux méthodes diffèrent par leurs principes et s’adressent à des patients d’âge et de niveau d’activité sportive différents.
Instabilité de l’épaule : quel est le cas le plus fréquent ?
L’humérus est l’os du bras le plus proche de l’épaule. Son extrémité haute, sphérique, est normalement insérée dans la cavité glénoïde, partie concave de l’omoplate. La cavité glénoïde est entourée par le bourrelet glénoïdien, fibro-cartilage qui stabilise la tête de l’humérus. Par ailleurs, l’ensemble de l’articulation est recouvert par la « capsule de l’épaule », un tissu conjonctif composé de fibres de collagène, dont les épaississements forment les ligaments de l’articulation. La capsule est elle-même recouverte par les tendons et les muscles.
On parle de luxation « glénohumérale antéromédiale » lorsque la tête de l’humérus sort de la cavité glénoïde et passe devant l’omoplate. Après un tel accident, des lésions subsistent fréquemment et l’épaule est fragilisée. Ainsi, après une première luxation, la probabilité de récidive est d’environ 50%. Une instabilité d’épaule « objective » peut alors s’installer, qui se traduit par des déboîtements à répétition lors de mouvements pourtant anodins. Chez d’autres patients, l’instabilité est « subjective » : le sujet ressent des débuts de déboîtements, douloureux, mais sans luxation complète (« subluxation »).
Au total, la forme glénohumérale antéromédiale représente 95% des cas d’instabilité de l’épaule. Elle induit des douleurs chez les patients atteints qui ont par ailleurs de plus en plus de mal à réaliser des mouvements simples.
Traitement chirurgical de l’instabilité de l’épaule
Les méthodes de Bankart et Latarjet constituent aujourd’hui les deux modes opératoires les plus fréquents pour prendre en charge l’instabilité d’épaule glénohumérale antéromédiale.
Le principe de la technique de Bankart est de re stabiliser l’épaule en réinsérant et en retendant les différents éléments de capsule, de tendons ou de bourrelet glénoïdien qui ont été abîmés. Cette chirurgie est réalisée par arthroscopie : le chirurgien pratique des incisions minuscules, pour introduire dans l’articulation des instruments chirurgicaux miniatures et une caméra qui lui permet de contrôler ses gestes. L’arthroscopie permet parfois de réaliser des gestes complémentaires à la réinsertion des ligaments de l’épaule, comme un comblement d’une encoche dans l’humérus, ou un renfort par le long biceps appelé “Stabilisation dynamique antérieure”.
Pour sa part, la méthode de Latarjet consiste à mettre en place une butée osseuse et son tendon attenant permettant de réaliser un effet hamac très puissant, pour empêcher la tête de l’humérus d’en sortir. Pour cela, le praticien prélève l’apophyse coracoïde et le tendon conjoint à son extrémité. Elle est ensuite vissée en avant de la cavité glénoïde. Ainsi, le positionnement de certains muscles et tendons vient aussi renforcer le maintien de la tête de l’humérus au niveau de la glène, en réalisant un verrouillage dynamique.
De façon générale, la technique de Bankart est plutôt utilisée chez les patients de plus de 40 ans à l’activité sportive limitée. A l’inverse, le protocole de Latarjet se base sur une méthode de stabilisation extrêmement puissante et s’adresse davantage aux sujets jeunes et sportifs.