Le syndrome du Lacertus fibrosus a beau être relativement répandu, il est pourtant encore méconnu du grand public mais aussi d’une proportion conséquente des professionnels de santé. Il est souvent confondu avec le syndrome du canal carpien, ce qui peut entraîner des retards de prise en charge.
Causes et symptômes
Le syndrome du Lacertus fibrosus a pour origine la compression du nerf médian dans l’articulation du coude. Plus précisément, à cet endroit, le nerf médian chemine sous une membrane fibreuse, le Lacertus fibrosus, qui donne son nom à la pathologie.
Chez certains individus, sans que les causes soient claires, cette membrane s’épaissit. Cela réduit l’espace de passage du nerf et induit sa compression mécanique, surtout en position de flexion du coude ou sous l’effet de mouvements répétés qui mettent en jeu cette articulation. Le saut à la corde en est l’exemple parfait et fait donc partie des tests possibles au moment du diagnostic, puisque les patients atteints lâchent progressivement la poignée du côté où a lieu la compression.
Cette pathologie se traduit avant tout par une perte de force et de sensibilité de la main. Il est aussi fréquent que l’avant-bras soit lourd, engourdi, et que le patient ressente de la fatigue sur cette zone. Par ailleurs, la compression du nerf médian au coude est aussi source de douleurs qui peuvent parfois irradier jusqu’à l’épaule.
La confusion entre Lacertus fibrosus et canal carpien
Les symptômes décrits plus haut sont très proches de ceux du syndrome du canal carpien, pathologie plus connue, qui est aussi une compression du nerf médian, mais au niveau du poignet. Cela explique les erreurs parfois rapportées, quand un patient atteint du syndrome du Lacertus fibrosus se voit diagnostiquer celui du canal carpien.
Il est vrai que ces deux pathologies coexistent fréquemment. Dans ce cas, une intervention chirurgicale réalisée uniquement sur le canal carpien ne peut pas se solder par un succès, puisque la compression au niveau du coude est négligée, car non détectée préalablement.
Ainsi, lorsqu’un patient se présente en consultation pour des symptômes évoquant un syndrome du canal carpien, il est essentiel de le tester aussi pour une éventuelle compression du nerf médian au coude.
Notamment, la réalisation d’un électromyogramme (EMG) est particulièrement intéressante pour différencier les zones de compression. En effet, le signal nerveux qui se propage le long d’un nerf est de nature électrique et le principe de l’EMG est de mesurer sa vitesse. Elle est normalement de 50 mètres / seconde (180 km/h) au niveau des membres, mais est altérée en cas de compression.
La méthode du « Scratch Collapse Test » fait aussi partie des outils performants pour localiser un point de compression nerveuse. Elle consiste à appliquer un stimulus sensitif (grattage, souffle d’air…) sur la peau de la zone de compression suspectée, puis à tester immédiatement la résistance de la rotation externe de l’épaule à un mouvement de poussée. Une perte de force momentanée indique l’existence d’une compression sur la zone préalablement stimulée.