Après une première luxation, pour essayer d’éviter que ne s’installe une instabilité de l’épaule, la rééducation est essentielle. Elle ne peut toutefois démarrer qu’après quelques semaines de repos et l’un de ses objectifs est le renforcement des muscles stabilisateurs de l’articulation.
Causes de l’instabilité de l’épaule
Quelle que soit l’articulation concernée, on parle de luxation quand un os quitte la position qu’il occupe normalement. Une épaule est dite instable lorsqu’elle subit des luxations totales ou partielles (« subluxations ») à répétition. On estime que 95% de ces épisodes concernent l’articulation gléno- humérale et se font de manière antérieure : la tête de l’humérus se déplace, quitte la cavité glénoïde dans laquelle elle est normalement insérée et passe devant l’omoplate (luxation « gléno-humérale antéromédiale »).
La première luxation survient généralement sous l’effet d’un choc ou d’une chute et est fréquemment le point de départ d’un cercle vicieux. En effet, les lésions qu’elle induit, même si elle est prise en charge médicalement, fragilisent l’épaule. Ainsi, la probabilité d’une seconde luxation est augmentée, celle d’une troisième encore davantage etc. Chez certains patients, ce déboîtement finit par avoir lieu au cours de mouvements complètement anodins, parfois même pendant qu’ils dorment.
Pour éviter que ne s’installe ce phénomène et essayer d’éviter une future intervention chirurgicale, une rééducation doit être entreprise pour renforcer les muscles stabilisateurs de l’épaule dès la première luxation.
Quelle rééducation après une première luxation de l’épaule ?
La rééducation ne peut pas démarrer immédiatement après la blessure. Il est d’abord essentiel de mettre l’épaule au repos, en l’immobilisant par une attelle qui conserve le coude plié contre le corps. Les premiers temps, cela s’accompagne d’un traitement médicamenteux, pour soulager la douleur : anti-inflammatoires, antalgiques, voire infiltrations de cortisone. Ce n’est qu’après quelques semaines que la kinésithérapie peut démarrer. Ses objectifs sont de redonner à l’articulation une souplesse et une mobilité satisfaisantes, mais aussi d’en renforcer les muscles stabilisateurs.
Le travail avec le kinésithérapeute se déroule classiquement en 3 phases. La première se base surtout sur des exercices de mobilisation, pour soulager la douleur, éviter l’installation d’une raideur articulaire et limiter l’atrophie musculaire. Au cours de la deuxième partie de la rééducation est réalisé un travail proprioceptif, pour que le patient retrouve une sensation normale des mouvements de son épaule. Il s’accompagne d’exercices de renforcement musculaire.
Enfin, dans un troisième temps, la rééducation s’axe principalement sur de la réathlétisation via des exercices à haute énergie et à grande vitesse. Le but est d’améliorer la stabilité de l’articulation et de recouvrer une force et une puissance musculaires correspondant à la demande fonctionnelle.
Plus tard, c’est surtout de l’auto-rééducation qui est nécessaire, sous contrôle régulier du kinésithérapeute. Il aura préalablement appris au patient les exercices à pratiquer, en particulier ceux qui permettent d’accentuer le renforcement musculaire.
Au total, la rééducation s’étale sur plusieurs mois, dans l’espoir d’éviter des luxations récidivantes et la nécessité d’une intervention chirurgicale.